Culture des Gymnocalycium
Sommaire
- Avertissement
- Commençons par le début : le semis
- Quand semer ?
- Quelle est la méthode de semis utilisée ?
- Avantages de cette méthode
- Quelques difficultés
- Hop, tout le monde au grand air
- Les premiers rempotages
- La question de l'arrosage
- Et l'hiver ?
- Soins, traitements, erreurs de culture,...
Avertissement
Ce chapitre a pour simple but de vous donner MA manière de cultiver les Gymnocalycium. Il s'agit bien de MA
pratique et en aucun cas de conseils ou de recommandations universelles.
Il existe en effet, autant de pratiques que de collectionneurs. A partir d'un fonds commun applicable à tous
les cactus, chacun adapte ses méthodes de culture en fonction des conditions qu'il peut leur offrir (ensoleillement, accès à certains matériaux
constitutifs du substrat, espace disponible, présence d'une serre ou pas.) mais aussi de facteurs plus subjectifs et/ou intuitifs ou de son propre
comportement. Par exemple, j'ai progressivement augmenté la part minérale de mes substrats devant mon irrépressible envie d'arroser trop fréquemment
mes cactus.
Bref, prenez ce qui suit comme l'une des multiples façons de réussir la culture de vos protégés, faites vous votre opinion puis testez jusqu'à
ce que vous soyez satisfait des moyens mis en ouvre et surtout des résultats que vous pouvez constater sur vos Gymnocalycium.
Commençons par le début : le semis
Faire ses propres semis c'est, tout à la fois, améliorer ses connaissances sur la physiologie de ces cactus mais c'est aussi avoir un plaisir
intense à voir s'extraire de leur enveloppe, de minuscules et fragiles plantules puis de les voir croître. Mais c'est surtout la seule
manière de découvrir de nombreux taxa non disponibles dans le commerce autrement que par graines et enrichir sa collection à bon compte.
En consultant les sites spécialisés cités sous l'onglet vous
découvrirez des producteurs proposant des espèces inconnues de vous ou au statut plus ou moins établi ou encore des formes d'une même espèce
présentant une floraison ou une spination différente et vous aurez alors envie de les voir s'épanouir chez vous.
N'hésitez pas. Le coût des graines est modique et la satisfaction de voir de toutes petites plantules s'armer progressivement d'aiguillons pour
ensuite devenir de beaux sujets florifères vous récompensera des efforts et de la patience dont vous aurez su faire preuve.
Quand semer ?
Si les semis se font naturellement et traditionnellement au printemps afin de profiter de l'augmentation de la luminosité et de la température,
je mets, quant à moi, les mois d'automne et d'hiver à profit pour cette activité.
Deux raisons à cela.
- D'une part, il faut occuper cette longue période durant laquelle nos cactus sont en repos végétatif. Et quelle joie
de voir cette vie prendre forme au plus froid de l'hiver et préfigurer les beaux jours.
- D'autre part, cette pratique permet de gagner en robustesse et en taille car ces très jeunes plantules pourront pleinement profiter des
beaux jours avec 4 à 5 mois d'avance par rapport aux semis traditionnels et donc se préparer pour le prochain hiver sans qu'il soit nécessaire
de leur apporter des soins particuliers.
Quelle est la méthode utilisée ?
Bien évidemment on ne plante pas en hiver comme on le ferait au printemps. J'utilise la méthode bien connue maintenant dite du « baggy » ou du
semis en sachet.
Cette méthode consiste à recréer un environnement favorable à la germination et à la levée grâce à l'utilisation d'un éclairage artificiel
sur un milieu de culture humide, chaud et stérile pour éviter la prolifération de mousses et champignons indésirables. Cette méthode permet de
s'affranchir totalement des saisons et des conditions climatiques et donc de maitriser parfaitement son calendrier.
Je vous invite à prendre
connaissance de cette technique en suivant ce lien sur le Cactus Francophone :
Le semis en sachets par Alain Laroze
Pour ma part, je procède ainsi :
- Désinfection du matériel utilisé : Les pots, étiquettes, pelle, le morceau de cornière en aluminium qui me sert à
tasser le terreau sont mis à tremper dans une bassine contenant un mélange d'eau du robinet et d'eau de javel durant une demi-heure puis
égouttés avant leur utilisation.
- Désinfection des graines : Il est indispensable de désinfecter les graines que l'ont va semer pour les débarrasser des
éventuelles spores de champignons qui trouveraient sans cela, un biotope tout à fait adéquat à leur rapide développement : chaleur, humidité
constante...
Comme pour le matériel, on peut utiliser de l'eau de javel diluée dans laquelle on plongera les graines durant 15 mn, après les avoir
enfermées dans un linge qui facilitera leur manipulation : immersion, extraction et rinçage soigneux. On peut aussi utiliser de l'alcool à brûler,
ce que je fais, pour permettre de dissoudre les éventuelles traces de pulpe adhérentes à la coque et assurer dans le même temps
la désinfection des graines. Dans ce cas, on frotte les graines maintenues dans un linge ou du papier sopalin préalablement imprégné d'alcool.
Certains utilisent de la bétadine, de l'eau oxygénée, d'autres un anticryptogamique en poudre dont on saupoudre les graines.
- Sachets plastique : J'utilise les sacs plastiques alimentaires conçus pour congeler, conserver et transporter les aliments.
Destinés à l'alimentation humaines, ils sont bactériologiquement propres et ne nécessitent pas de précautions particulières. Des sacs de taille
moyenne (25 cm x 27 cm) de marque Albal présentent l'avantage de posséder un fond facilitant le maintien de quatre pots et leur éventuel déplacement au
sein du lit ainsi qu'un système de fermeture à glissière parfaitement sûr et étanche. Ce point a son importance car il faudra s'interdire toute
ouverture avant que l'on ait décidé d'affranchir les jeunes plantules de leur sachet. Or certains sacs insuffisament étanches laissent s'évaporer
l'eau contenue dans le substrat sous l'effet de la chaleur, si bien qu'il devient indispensable d'ouvrir et de rajouter de l'eau, entraînant ainsi
un risque de pollution bactériologique.
- Semis des graines : 10 à 20 graines (suivant leur conditionnement par le producteur) sont déposées à la surface
des pots en plastique rigide de 5cm x 5cm remplis jusqu'à 15 mm du bord. Pour ce faire, le plus simple est d'utiliser une demi-feuille de bristol
que l'on plie en deux. La pliure accueille les graines, lesquelles tombent sur le substrat une à une selon l'inclinaison et les petits chocs
qu'on lui procure au moyen, par exemple, d'un crayon. Le semis est légèrement tassé au moyen d'un outil confectionné pour l'occasion (et désinfecté
lui aussi, on n'est jamais assez prudent). L'étiquette est enfin fichée dans le substrat. Les pots étant petits, je n'en utilise qu'un par référence
de graines afin d'éviter des mélanges.
- Précaution supplémentaire facultative : Je prépare une quantité d'eau préalablement bouillie à laquelle j'incorpore
un peu d'antifongique (Maladie du sol DERICLOR de marque Fertiligène - Rhône Poulenc) dans les proportions indiquées sur l'emballage et imbibe
à fond par trempage des pots dans une bassine contenant 3 à 4 cm de cette préparation.
- Mise en sachets : Au sortir de la bassine et sans trop les égoutter, 4 pots sont alors enfermés dans un sac plastique
que l'on va fermer hermétiquement grace à la fermeture Zip. Il est aussi possible d'utiliser des sacs moins onéreux, toujours de qualité
alimentaire, mais que l'on ferme avec un lien fourni avec ou grace à une ficelle ou un élastique quelconque. Comme indiqué plus haut, il faudra
veiller à fermer bien hermétiquement le sachet pour éviter son asséchement progressif.
- Mise au lit : Tous les sacs vont ensuite rejoindre le « lit breton, savoyard ou ligérien » suivant l'origine
géographique de son concepteur. Il s'agit en fait chez moi d'une simple caisse en contreplaqué aux dimensions adaptées au volume de graines à
planter. Bien sur on peut laisser libre cours à son imagination et sophistiquer beaucoup plus l'installation. Mon premier « lit ligérien »
mesurait 120 cm x 40 cm et permettait de faire germer 140 références, soit environ 2800 graines à chaque fois.
Sur cette vue, les pots ont été affranchis de leurs sacs plastiques
Aujourd'hui il est réduit de moitié en longueur. Il est équipé de crémaillères sur lesquelles viennent se poser à bonne hauteur (10 à 20 cm
de la surface des pots) deux tubes fluorescents de 18 w chacun. Le perfectionniste veillera à utiliser un tube de couleur froide et un tube de
couleur chaude pour donner un spectre plus large à la lumière diffusée. Ces tubes sont couramment vendus dans les magasins de bricolage.
Je dois dire que deux tubes standards (blanc froid) semblent produire les mêmes effets.
Un programmeur branché sur une prise électrique et alimentant les tubes fluorescents permet de délivrer l'éclairage de 7 h du matin à 21 h.
Suivant la pièce dans laquelle est utilisé ce dispositif, il peut être utile d'ajouter une petite résistance chauffante de manière à obtenir
une température proche de 30°c le jour (mais pas plus) et environ 20°c la nuit. La température des tubes fluorescents peut suffire à procurer
la température adéquate.
Il faudra étalonner le dispositif avec un thermomètre pour absolument se maintenir dans ces limites.
Avantages de cette méthode
Jai très lourdement insisté sur la nécessité d'adopter une démarche rigoureuse et de chasser toute possibilité de pollution bactériologique.
Peut-être en fais-je trop et je me souviens d'avoir été beaucoup plus laxiste à mes débuts de semeur sans encourir de catastrophe. J'ai cependant
régulièrement perdu quelques semis en raison d'un développement inopportun soit d'algues, de mousses ou de champignons. Il est particulièrement
rageant de perdre la totalité des graines d'un taxon que vous avez eu beaucoup de peine à vous procurer...
Une fois que tout est en place et fonctionne correctement, vous n'avez plus rien à faire jusqu'à ce que vous estimiez qu'il est temps que
vos plantules aillent rejoindre leurs ainés à l'extérieur. Vous pouvez donc les oublier, partir en vacances ou vaquer à toute autre occupation
durant 18 mois si vous le voulez.
Si vous aviez opté pour un semis traditionnel, une telle désinvolture risquerait d'être fatale à vos petits protégés. En effet, dans ce mode de culture,
l'attention permanente est requise pour apporter quasi quotidiennement l'humidité nécessaire afin d'éviter la dessication rapide du substrat
par les fortes chaleurs du début de l'été.
Lorsque le réseau racinaire est naissant et que les plantules ne mesurent que quelques millimètres, la moindre erreur leur est fatale !
Quelques difficultés
Vous avez pris toutes les précautions nécessaires, vous avez fait de votre mieux et pourtant un beau jour vous êtes consterné de voir un réseau
de fils gris recouvrir une partie du substrat d'un pot ou un amas gluant et vert, preuve que des spores n'ont pas été détruites par vos traitements
préparatoires. Ce n'est pas dramatique si vous intervenez immédiatement.
Sortez du sachet le ou les pots concernés par ces symptomes. S'il s'agit d'algues, un léger grattage pour enlever le plus possible de ce
végétal et une attitude visant à laisser s'assécher le substrat, devraient venir à bout de ce dérangement.
S'il s'agit d'une attaque cryptogamique vous tenterez d'arroser immédiatement avec une solution antifongique (Dericlor par exemple) puis
vous laisserez le substrat s'assècher pour freiner le champignon dans sa tentative de développement. Vous serez rapidement fixé sur la réussite
de votre tentative de sauvetage.
Si vos plantules ne sont pas anéanties par ces attaques, ne les réintroduisez pas dans des sachets mais maintenez les dans votre
lit breton où vous leur apporterez un arrosage régulier hebdomadaire.
Dans un autre registre, votre seule faute est d'avoir semé des graines issues de taxa réputés pour leur faible propension à germer
ou qu'il est difficile de conduire à leur maturité. Je rencontre encore régulièrement des difficultés à réussir des semis de graines appartenant
au sous-genre Microsemineum : G. bayrianum, G. cardenasianum, G. glaucum, G. ferrari, G. saglionis, G. spegazzinii dans une moindre mesure.
Je n'ai pas encore trouvé d'astuces pour garantir la meilleure levée possible et surtout, leur survie au dela de quelques semaines. Il faut
donc redoubler de prudence et d'attention lorsque l'on sème ces minuscules graines.
Hop, tout le monde au grand air !
Lorsque le temps est venu de leur faire découvrir les bienfaits de la lumière naturelle et de l'air frais, ce peut être au mois d'avril ou de mai
suivant, il convient d'être prudent et de ménager une transition d'environ un mois, voire davantage si nécessaire, en ouvrant le sac plastique
pour la première fois depuis leur plantation mais en laissant les pots à l'intérieur pour que l'humidité diminue progressivement.
Il faudra ensuite arroser ces plantules par vaporisation de manière décroissante pour les habituer progressivement à la sécheresse.
Il en sera parallèlement de même pour ce qui est de l'éclairage naturel. Lorsqu'ils iront rejoindre votre collection, donnez leur une bonne
luminosité mais veiller encore à les protéger des rayons directs du soleil durant quelques semaines. Ils vont donc passer le printemps, l'été et
une partie de l'automne à l'extérieur avec leurs grands frères.
J'ai constaté qu'il était très avantageux de garder ces jeunes cactus
en végétation durant leur premier hiver. Pour ce faire, je les installe à nouveau dans le lit qui les a vus naître, sans leur sac plastique bien
évidemment. Les mêmes conditions que celles qui prévalaient pour leur naissance leur sont données : luminosité, chaleur, arrosage en fonction des
besoins (tous les huit à dix jours). Leur croissance va se poursuivre sans aucun préjudice durant la mauvaise saison et ces petits sujets seront
pleins de vie le printemps venu.
Les premiers rempotages
Vos jeunes plants ont donc affronté successivement l'été, l'automne et l'hiver dans leur pot d'origine. Au printemps de l'année
suivante et suivant les espèces et la densité dans chaque pot, il peut être utile de repiquer ces plantules (qui ont donc au moins un an
d'existence).
Je déconseille de réaliser cette opération avant car la reprise peut être difficile sur ces petits sujets.
Depuis 3 ans j'ai adopté une manière radicale qui me donne d'excellents résultats :
- lors du 1er repiquage : je rempote ces jeunes sujets dans un substrat exclusivement minéral.
Il s'agit de chabazite
qui est une des nombreuses zéolithes. Pour en savoir plus sur ce matériau et connaître ses caractéristiques uniques,
cliquez sur ce lien.
Comme vous allez le découvrir en consultant ce lien, cette zéolithe présente deux séries
d'avantages :
-
d'une part sa capacité à stocker l'eau d'arrosage dans son réseau cristallin et à la restituer progressivement tout en permettant
à l'air de circuler entre ses grains et,
- d'autre part, sa capacité à apporter des éléments minéraux favorables à la pousse de nos plantes.
Pour cette dernière caractéristique, la vérité m'oblige à dire que je n'ai pas conduit de test rigoureux et comparatif afin de mettre en
évidence la capacité de la chabazite à nourrir convenablement et sans apport extérieur, ces jeunes plants. J'ai donc apporté de temps en temps
un peu d'engrais dosé à NPK 10-52-10.
Est-ce l'engrais, la capacité d'échange cationique de la chabazite ou les deux réunies qui expliquent le développement important
du chevelu racinaire ? (voir la deuxième photo ci-dessous).
Un test visant à démontrer la contribution intrinsèque de la chabazite démarre avec mes semis de novembre 2010. Premiers
résultats en 2012 !
Les qualités exceptionnelles de ce produit sont extrêmement favorables au développement de ces jeunes cactus. Le chevelu de racines est
spectaculaire et tous ces jeunes cactus sont conduits à leur maturité (1ère floraison) dans ce substrat.
- 2ème rempotage : Ne disposant pas d'un recul suffisant sur les mérites à long terme de la culture dans un substrat
100% minéral (zéolithe), j'effectue le second repiquage à partir de 3 ou 4 ans, dans un substrat composé de 30 % de terreau ou de terre de
bruyère véritable, 40 % de zéolithe et 30 % de pouzzolane.
J'utilise pour ce faire exclusivement des pots en matière plastique rigide, de forme carrée. Le choix s'est porté sur ce type de récipient en
raison de sa facilité de mise en ouvre, son faible poids, son faible volume, sa forme carrée qui permet d'offrir environ 30 % de substrat
supplémentaire comparativement à un pot rond pour un encombrement identique. En outre, ce type de récipient limite l'évaporation de l'eau
d'arrosage, ce qui est un atout appréciable pour les petits pots et compte tenu du substrat très minéral utilisé. Mais bien évidemment, tout autre
récipient peut convenir en fonction de ses propres impératifs : esthétique, coût, espace disponible, ...
La question de l'arrosage
Le genre Gymnocalycium ne présente pas de spécificité sur ce plan par rapport aux autres cactus. On peut même dire qu'il est peu difficile d'une
manière générale sur les conditions de culture. Bien sûr il n'est pas question de l'abreuver à tort et à travers sous peine de le voir disparaître
comme tout autre cactus soumis à un tel traitement.
On appliquera donc les principes généraux valables pour la plupart des cactus :
- laisser sécher le substrat entre deux arrosages. En fonction de la saison, des conditions météorologiques, du substrat utilisé (très minéral
ou pas) de la taille des pots et/ou des Gymnocalycium, ce délai est variable, allant de quelques jours (pour les jeunes sujets dans des petits pots,
en pleine période estivale) à plusieurs semaines (pour de vieux sujets, plantés dans des pots plus volumineux, lorsque les températures ne sont pas
élevées durant une longue période). Il n'est pas possible d'être plus précis sur ce point. C'est une question de feeling et d'expérience.
Toutefois, mieux vaut pécher par manque d'eau que par excès. Le Gymnocalycium vous pardonnera cette prudence.
-
Lorsque l'on a décidé d'arroser, on arrose ! L'arrosage se doit d'être abondant pour que toute la motte soit imprégnée d'eau. Des arrosages
parcimonieux et superficiels seraient néfastes en cela qu'ils contraindraient le cactus à développer ses racines vers la surface du pot pour
capter l'eau qui lui est nécessaire. Ce faisant, il s'exposerait à une rapide dessication car son réseau racinaire ne pourrait pas absorber la
quantité d'eau indispensable à sa physiologie et souffrirait dans le même temps de l'ardeur des rayons du soleil.
-
Arrosage abondant ne veut pas dire arrosage fréquent ou arrosage permanent ! Donc on n'arrose que lorsque le substrat est sec et on supprime
tout ce qui peut retenir l'eau d'arrosage : soucoupe, bassine ou autre surface imperméable. Celle-ci doit s'écouler rapidement pour être rejetée
à distance des pots.
Bien que j'aie fait récemment l'acquisition d'une table de culture en aluminium avec une bonde de vidange, je continue à arroser ma collection
pot par pot. C'est pour moi l'occasion de passer en revue chaque plante et de vérifier sa parfaite santé. Par ailleurs, lors de mes deux essais
d'arrosage par nappe d'eau dans cette table de culture, j'ai constaté qu'une assez grande quantité d'eau se maintenait par capillarité sous
chaque pot posé à même le fond en aluminium. Compte tenu de ma faible expérience en la matière, je réserverai cette pratique aux mois les plus
chauds de l'été de manière à ce que l'eau gardée en excès puisse rapidement s'évacuer ou être absorbées par les racines.
La question de l'engrais... Utilisant pour mon substrat un matériau constitué de nombreux minéraux propices au développement végétal et à la
capacité d'échanges cationique exceptionnelle, à l'heure actuelle, mon opinion sur l'intérêt d'ajouter ou pas un engrais n'est pas établie. Dans
l'attente d'un test qui débutera en 2011, et par mesure de précaution, j'ajoute, environ 4 fois dans la saison, un engrais liquide "tomates" un
peu plus dilué que recommandé.
Et l'hiver ?
Là encore, les Gymnocalycium ne se distinguent pas véritablement de la cohorte des autres cactus, hormis ceux des zones tropicales qui sont
justiciables d'un traitement spécifique. On le sait, le repos hivernal (vernalisation) est nécessaire au métabolisme de ces plantes.
On entend par repos hivernal
le fait d'exposer à un froid relatif et à une diète hydrique absolue nos petits protégés. Suivant votre latitude cette période peut s'étendre du
mois de septembre au mois d'avril ou si vous êtes un heureux habitant du Sud de la France, de fin octobre à mi-mars. Une fois posé ce principe,
chacun s'efforce de le mettre en oeuvre avec les moyens dont il dispose. Là encore les collectionneurs font preuve d'une grande imagination pour
contourner les nombreuses contraintes rencontrées : manque de place, maintient des températures idéales, climat hostile, luminosité maximale...
Pour ma part, les contraintes sont les suivantes :
- Je réside en ville, et bien que je dispose d'une assez grande terrasse orientée sud-ouest, l'espace m'est compté d'autant que mon épouse
n'entend pas m'abandonner la totalité de l'espace disponible. Elle aussi a des vélléités de culture...
- J'habite à Saint-Etienne, ville de la région Rhône-Alpes, réputée pour sa couleur verte, pour la proximité du Parc Naturel du Pilat,
mais ausi pour son climat rigoureux et son altitude relativement élevée (575 mètres pour ma terrasse). Les périodes de gel peuvent être longues
et intenses... D'avantage que les pointes de froid qui seront rapidement oubliées avec le retour du soleil, il faut craindre le froid persistant
durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Ma terrasse est bien orientée et couverte par des plaques de polycarbonate qui me protègent des précipitations et maintiennent à distance toute
remontée d'eau par capillarité.
Sous cette protection j'ai bâti un "coffre" de 3,30 m de longueur par 1,20 m de large et 1,20 m de haut, en plaques de
polycarbonate de 16mm d'épaisseur. Cet excellent matériau procure une bonne isolation et ne s'oppose pas à la lumière naturelle qui continue de
baigner, au moins en partie, l'intérieur de ce dispositif.
Ce "coffre" abrite durant toute la mauvaise saison : la table de culture de 3 m de long et, sous celle-ci, les nombreux autres sujets qui
peuvent s'égailler sur d'autres terrasses durant la belle saison. Certes, sous la table, la luminosité n'est pas optimale mais ce facteur n'est pas
préjudiciable aux Gymnocalycium qui sont au repos total et se satisfont, du moins je le pense, de ces conditions.
Ce dispositif est complété par un petit radiateur électrique soufflant, dont le thermostat permet de maintenir aisément une température
minimale de 5°c grâce au pouvoir isolant des plaques de polycarbonate.
Cette température de 5°c est un compromis entre les exigences diverses des nombreux taxons de Gymnocalycium collectionnés et l'incidence
économique du chauffage du coffre. En effet, si de nombreux Gymnocalycium ne sont en rien indisposés par des températures négatives de - 10°c,
d'autres, originaires de zones plus septentrionales et moins montagneuses (Brézil, Uruguay, Paraguay, Bolivie) semblent être, à 5°c, au minimum
possible.
Soins, traitements, erreurs de culture,...
SOMMAIRE
* Les ravageurs
* Les attaques fongiques
* Les erreurs de culture
Ce chapître ne vise pas à l'exhaustivité (de nombreuses informations peuvent être trouvées sur internet et tout particulièrement sur le site
du Cactus Francophone). Ici je ne traiterai que des cas rencontrés dans ma pratique. Ce chapitre
sera donc évolutif au cours du temps et des problèmes rencontrés.
- Les ravageurs
- thrips :
Les thrips, terme générique désignant près de 5000 espèces, sont des insectes minuscules (de 1 à 2 mm de
long) mais pouvant causer d'importants dégâts. Si je commence cette liste par ce ravageur, c'est que c'est celui-ci qui est, chez moi,
le plus destructeur.
Ces insectes sont polyphages, une même espèce (Frankliniella occidentalis) a été signalée sur 244 espèces de végétaux. Mais il
s'avère que certains thrips bien que phytophages soient, à l'occasion prédateurs entomophages et acariphages. De nombreux thrips sont
floricoles et pollinivores (ils immobilisent le grain de pollen avant de le piquer et le vider).
Le cycle de reproduction de cet insecte s'établit sur une vingtaine de jours entre la ponte d'un oeuf dans une cellule végétale et
l'adulte en âge de se reproduire. Dès la sortie de l'oeuf, la larve, très mobile, commence à se nourrir en piquant les cellules
végétales superficielles et en les vidant totalement de leur sève. Une fois vidée, la cellule se remplit d'air, les tissus sont alors
marqués de traces pâles, grises. De plus, en s'attaquant aux tissus les plus fragiles, ils occasionnent la déformation et la nécrose
des points de croissance.
Larves à peine visibles sur un G. uruguayense, © Jean-Jacques Houdré.
Les mêmes larves en macro-photographie, © Jean-Jacques Houdré.
Deux adultes piégés sur une bande collante, © Jean-Jacques Houdré.
Difficiles à repérer, ces insectes prolifèrent réellement avec les premières chaleurs. Si on ne les voit pas facilement, leurs
traces sont nettement visibles sur les tissus piqués et tout particulièrement sur les tubes floraux qu'ils affectionnent
particulièrement. Les fleurs semblent les attirer d'une part parce qu'ils peuvent aisément s'y cacher et, d'autre-part, les tissus y
sont tendres et la présence de pollens peut également constituer un met de premier choix pour ces suceurs.
Leurs excréments souillent également la surface des tissus qui deviennent ternes.
Piqûres et excréments sur fleur de G. schickendantzii, © Jean-Jacques Houdré.
Si leur présence est soupçonnée mais qu'il n'est pas possible d'en voir, le meilleur test consiste à prélever une fleur déjà épanouie
et la secouer énergiquement sur une feuille de papier blanc. Si la plante est infestée, vous pourrez alors aisément compter une dizaine
de ces insectes sur la feuille.
Piqures et insecte adulte sur fleur de G. bodenbenderianum, © Jean-Jacques Houdré.
Plan rapproché, © Jean-Jacques Houdré.
Sans bien sûr en avoir la preuve, je pense que leurs piqûres dans les sillons intercostaux ou à l'apex deviennent des portes
d'entrée à d'autres agents pathogènes qui vont nécroser plus ou moins sévèrement ces tissus et déformer les Gymnocalycium.
Jusquà présent j'ai utilisé le Confidor J pour lutter contre les thrips, à ma grande satisfaction. Comme le cycle de reproduction
des thrips est d'environ 20 jours et que la rémanence du Confidor est d'un mois, un seul traitement permet de se débarrasser de la
totalité des générations vivantes sur le Gymnocalycium. Malheureusement les thrips sont très mobiles et peuvent réinfester votre
collection dès que l'effet du Confidor se sera estompé. Il faudra donc rester vigilant, notamment lorsque les grosses
chaleurs seront installées.
Un autre insecticide systémique, que je n'ai pas encore utilisé, est réputé lutter contre la plupart des insectes piqueurs et notamment
les thrips. Il s'agit de Polysect Ultra SL dont la molécule active est l'acétamipride. C'est un produit Fertiligène que l'on peut
trouver dans de nombreuses chaînes de distribution de produits pour le jardin.
- cochenilles
Parmi les nombreuses espèces de cochenilles susceptibles de parasiter nos Gymnocalycium, je n'ai jusqu'à présent été confronté qu'aux
cochenilles farineuses (Pseudococcus sp). Elles forment des masses plus ou moins importantes de flocons blancs à l'intérieur desquels
elles s'abritent. Ces flocons sont toujours dissimulés dans les endroits cachés des plantes : sillons entre les côtes, collet, zones
sombres, etc. Il est nécessaire d'être très vigilant pour les repérer dès le début de l'infestation. A défaut de leur éradication
immédiate on s'expose à une rapide prolifération de ces parasites, surtout par temps chaud et sec. L'arrosage de la collection, pot par
pot permet de repérer les premières attaques et de les traiter de manière simple, avant que l'on ne soit obligé d'utiliser des produits
phytosanitaires, certes efficaces, mais éthiquement discutables.
En pratiquant ainsi, je n'ai jamais eu plus de deux ou trois cactus porteurs de cochenilles en même temps et encore, il s'agissait
presque toujours de cactus récents dans ma collection. Il est une façon très simple de s'en débarrasser à ce stade, c'est d'utiliser
l'alcool à brûler dans lequel on trempe un coton-tige que l'on applique sur les amas blancs protégeant les cochenilles. Effet garanti
et sans dégâts collatéraux. Au-delà de ces quelques unités contaminés, il faudrait avoir recours à des insecticides systémiques tels
que Confidor J ou Polysect ultra SL pour traiter toute la collection.
La meilleure protection réside donc dans la surveillance
assidue de votre collection pour éviter une infestation massive et difficile à juguler.
- araignées rouges
De la famille des Tetranychidae, ces acariens sont minuscules, pratiquement invisibles à l'oeil nu car ils mesurent moins d'1/2 millimètre et
n'arborent pas la couleur rouge qu'on leur prête.
La seule manière de les repérer dans nos collections réside dans l'aspect décoloré de l'épiderne dû aux innombrables piqures de ces acariens
qui absorbent le contenu des cellules. Par leur prolifération ils peuvent venir à bout de nos plantes ou tout au moins les affaiblir fortement
et les déformer, d'autant que leur cycle de vie est très court et qu'ils sont très prolifiques.
Bonne nouvelle, ils n'aiment pas l'humidité. Il faut donc prendre des mesures préventives pour limiter l'infestation en pulvérisant régulièrement
la surface de nos Gymnocalycium avec de l'eau à température ambiante, particulièrement lorsque le temps est sec et chaud.
Si ces mesures ne sont pas prises à temps ou s'avèrent insuffisantes, le traitement chimique sera indispensable. J'utilise des
produits à base de Dicofol qui est une molécule acaricide très efficace et qui agit sur tous les stades de vie de ces parasites.
Malheureusement, il a fait l'objet d'un retrait définitif de distribution. Il faut donc dorénavant se tourner vers des produits tout
aussi efficaces à base de Tébufenpyrad commercialisés sous les noms d'Acarifa (BASF) ou de Masai (BASF).
- Les attaques fongiques
- Les attaques fongiques ne sont pas très nombreuses dans ma collection mais néanmoins bien présentes. Elles peuvent prendre des
formes diverses, selon les champignons en cause mais jusque là, elles n'ont jamais entraîné la mort des sujets concernés. Tous
portent des stigmates bien visibles, voire des déformations. Ces attaques, dont les symptômes sont peu esthétiques, n'ont donc pas
été léthales d'autant qu'elles n'ont pas fait l'objet d'un traitement curatif chimique. J'ai simplement laissé faire la nature
tout en diminuant sensiblement les arrosages durant ces attaques.
Je n'ai pas été capable, jusqu'à présent, d'identifier les champignons impliqués dans ces attaques. Les causes d'apparition ne sont
pas claires non plus. Néanmoins, il me semble, compte tenu de leur emplacement (apex, sillons à la jonction
des côtes) que le facteur déclenchant pourrait être l'agression préalable d'insectes piqueurs tels que thrips ou araignées rouges.
Ceux-ci ouvriraient des brèches dans les tissus et faciliteraient la germination de spores pathogènes. La nature du substrat n'est
pas non plus étrangère à l'apparition de ces taches, comme si l'excès de matière organique contribuait à affaiblir les défenses
naturelles des Gymnocalycium concernés.
Je vous présente ci-dessous une petite galerie des horreurs rencontrées dans ma collection en attendant de pouvoir identifier
chacun des champignons responsables et proposer un type de traitement approprié.
Gymnocalycium bodenbenderianum. © Jean-Jacques Houdré.
Gymnocalycium cardenasianum. © Jean-Jacques Houdré.
Gymnocalycium spegazzinii. © Jean-Jacques Houdré.
Gymnocalycium erinaceum. © Jean-Jacques Houdré.
Gymnocalycium vatteri v. altautinense. © Jean-Jacques Houdré.
- Les erreurs de culture
- le soleil
Tout amateur de cactus connaît ce paradoxe : des plantes adaptées aux plus fortes températures et à un soleil intense, dans leur habitat
naturel ne supportent pas, sous nos latitudes, une exposition brutale aux rayons d'un soleil somme toute modéré. Je ne vais donc pas développer
ce sujet bien connu mais seulement vous montrer les dégats occasionnés par une exposition brutale au soleil sur des Gymnocalycium.
Gymnocalycium schroederianum v. boessii brûlé par le soleil direct
© Jean-Jacques Houdré.
- l'excès d'eau
L'excès d'eau peut causer deux types de dommages : la nécrose des racines et/ou l'éclatement des tissus.
L'apport trop rapproché d'eau associé à un substrat insuffisament perméable, va entraîner irrémédiablement la disparition du
réseau racinaire laquelle sera suivie de la mort du Gymnocalycium par pourriture si aucune mesure de sauvegarde n'est immédiatement
prise. Tout Gymnocalycium dont la croissance semble stoppée inexplicablement comparativement à ses voisins devra faire l'objet d'un
examen minutieux de ses racines. Il y a fort à parier que vous découvrirez, stupéfait, qu'il n'y a plus ou presque plus de racines
dans le substrat. Elles se sont nécrosées et vous avez de la chance que toute la plante n'ait pas été emportée...
La chose se produit encore parfois dans ma collection car je n'ai pas encore unifié la nature du substrat sur la totalité de ma
collection. Donc si cela vous arrive, pas de panique, rien n'est perdu. Sortez votre Gymnocalycium de son substrat, nettoyez méticuleusement
la base de la plante en enlevant les racines nécrosées, enlevez tout reste de substrat. Mettez ce Gymnocalycium à sécher à l'air libre durant
quelques jours puis posez le sur un substrat très minéral (dans l'idéal, 100% de chabazite) très légèrement humidifié. La reprise de la
croissance peut demander plusieurs mois avant d'être perceptible. A partir de ce moment vous pourrez passer à des arrosages normaux et vous
pourrez considérer que votre sujet est hors de danger.
Une autre manifestation de l'excès d'eau en début de saison et plus généralement après une diète hydrique, est l'éclatement des tissus. Ici,
le processus en cause est simple : après avoir été sevré durant de longues périodes, les Gymnocalycium sont avides d'eau et leur métabolisme
les conduit à vouloir stocker dans leurs tissus toute l'eau disponible dans le substrat après un premier arrosage trop conséquent. L'élasticité
des tissus n'est pas infinie et des craquelures se produisent, plus ou moins profondes, mais toujours inesthétiques et irrémédiables.
Gymnocalycium juliensis eclaté du fait d'un premier arrosage trop abondant. Les plaies sont cicatrisées depuis 3 ans.© Jean-Jacques Houdré.
Parfois la réaction est telle que le Gymnocalycium s'ouvre totalement, mettant à jour ses tissus internes...
A ce stade, il n'y a plus rien à faire. Si le sujet survit, vous devrez vous accomoder de ces plaies plus ou moins béantes. Pour éviter
cependant une attaque fongique de ces plaies, il conviendra de saupoudrer celles-ci de charbon de bois pilé ou de cannelle en poudre.
Pour vous prémunir contre ces accidents de culture disgracieux, réveillez progressivement votre collection par des arrosages modérés jusqu'à
ce que vous constatiez la reprise végétative de vos sujets. A partir de cet instant, les arrosages peuvent être abondants sans grand risque.
Gymnocalycium amerhauserii aff. éclaté par un excès d'eau, un an après l'incident. © Jean-Jacques Houdré.
Même sujet deux ans après l'incident. Il est totalement déformé par l'apparition de nombreux rejets.© Jean-Jacques Houdré.
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